Le 14 septembre 2015.
Etant un enseignant qui travaille depuis 6 ans à Cizre, j’ai honte de mon humanité. Au septième jour du couvre feu qui a démarré le 4 septembre à 20h, soit disant pour ma propre sécurité, j’ai honte de mon humanité. Dans le XXIe siècle l’Etat attaque avec des canons les endroits où le peuple vit.
J’ai honte de mon humanité. Le monde utilise le 4G, 5G et ici les téléphones sont coupés.
J’ai honte de mon humanité. Les blessés ne peuvent pas être transportés à l’hôpital.
J’ai honte de mon humanité, les morts sont mis en attente d’enterrement dans des frigos.
J’ai honte de mon humanité. Toute la Turquie est sourde, aveugle et muette.
Il y a encore plein d’autre raisons qui me font honte, encore une grande explosion et l’électricité est coupée. Lequel de mes élèves ou un de ses proches est mort ou blessé encore ?
Mes élèves me demandent dans la rue : « Un tel est mort, la maison d’untel a été détruite, vous le saviez ? »
Demain, l’Etat dira aux enseignants, à nous, « Inculquez aux enfants l’amour de la patrie, de la nation, du drapeau, de la police ». Pourrais-je faire aimer quelque chose que les enfants pensent qu’elle a tué des amis, ses proches, sa soeur, son frère ? Pourriez-vous le faire ?
Il y a beaucoup de douleurs à mettre en mots. Je suis dans le noir. Nous sommes dans l’obscurité. Ne demandez pas « y a quelqu’un ? ». Il y a 140 mille humains. Aidez les au nom de l’humanité…
N.